Nouvelles
Critiques de l'album Solfeggio
CBC Music
"La voix étincelante de soprano d'Hélène Brunet perce la morosité de 2020 comme un rayon d'espoir dans cette étude joliment choisie d'arias baroques et classiques. Elle est tout à fait à l'aise avec son groupe habituel de musique ancienne, L'Harmonie des saisons, qu'il s'agisse de la virtuosité du Scipione de Haendel ou des lignes vocales soyeuses du motet de Vivaldi "Nulla in mundo pax sincera". L'album tire son nom de la dernière piste, une vocalise (ou solfège) sans paroles qui a dû être le modèle de l'aria "Christe eleison" de la Messe en do mineur de Mozart, et que Brunet caresse amoureusement sans la moindre tension - tout simplement magnifique !"
Le Devoir
Christophe Huss
"Hélène Brunet est un soprano très chaleureux. [...] Le programme est un tapis rouge pour le déploiement de ce timbre superbe et enveloppant. Les défis techniques bien maîtrisés se nichent dans les vocalises de l’air Vagaus (plage 6) du Juditha triumphans de Vivaldi. Le meilleur du disque se trouve dans les airs dans lesquels la voix d’Hélène Brunet se déploie avec placidité sans heurts ni contraintes. Elle se fait plaisir à ce titre dans la section consacrée à Bach et se pose en consolatrice de l’âme."
La Presse
Emmanuel Bernier
Le talent d’Hélène Brunet est indéniable. Sa voix de soprano léger est égale sur tout le registre, souple et d’une grande aisance dans les vocalises. Le contre-do à la fin de l’Exultate jubilate est réalisé sans l’ombre d’une difficulté. La chanteuse fait en outre preuve, tout au long, d’une remarquable intelligence musicale (notamment dans les subtiles ornementations des airs à da capo) et dramatique, habitant chaque mot, chaque phrase. Nous avons ici une réalisation vocale de premier ordre mettant en valeur un talent québécois.
PAN M 360
Frédéric Cardin
J’entends ici un très beau velouté vocal, aussi moelleux dans les aigus lumineux que ceux d’une certaine Karina Gauvin. Ce n’est pas peu dire!
Online Merker
Allemagne
La relation intense de la chanteuse avec la musique est palpable à chaque instant, ce qui fait de cet album solo l'une des sorties les plus intéressantes de cette année encore jeune.
Entrevue Avec ATMA Classique
Hélène Brunet, soprano canadienne de renom, fait ses débuts en solo sur l’étiquette ATMA Classique avec l’album Solfeggio, un programme d’airs baroques et classiques triés sur le volet pour lesquels elle se sent une profonde affinité. Solfeggio paraîtra le 6 novembre 2020.
Hélène Brunet est saluée comme « une cantatrice d’une qualité prodigieuse » qui possède « une voix d’une beauté parfaite et d’une expression sincère ». Reconnue pour ses interprétations de Bach, Haendel et Mozart, elle a monté un répertoire qui s’étend du baroque aux musiques des XXe et XXIe siècles. Mme Brunet s’est produite au festival Tage Alter Musik Regensburg, ainsi qu’avec les American Bach Soloists à San Francisco, l’American Classical Orchestra au Lincoln Center de New York et l’Orchestre Métropolitain, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, qui dit d’elle : « Hélène Brunet, c’est la classe, le raffinement, la pureté. »
Récemment, nous avons clavardé avec Mme Brunet pour parler de ses débuts, de ses collaborations musicales et de ses sources d’inspiration.
Entrevue par Luisa Trisi, Big Picture Communications.
Félicitations pour la parution de votre premier album, Solfeggio! Quelle impression vous donne le lancement mondial de votre premier enregistrement?
Merci! Le lancement de ce premier album solo me rend toute fébrile! C’est un projet très particulier pour moi et, surtout, une œuvre d’amour! Depuis mes études universitaires, je rêve de me présenter dans un album de mes airs baroques préférés. Il y a encore quelque chose de très surréel dans tout cela, et je ne tiens rien pour acquis! Cet album est très personnel. C’est un véritable privilège que d’avoir pu confectionner ce projet du début à la fin avec mon équipe de rêve d’ATMA Classique et avec l’ensemble L’Harmonie des saisons. En écrivant ceci, je ressens encore une vive émotion d’avoir pu jouir d’une liberté totale à toutes les étapes du parcours, du choix d’un répertoire qui me représente vraiment jusqu’à la conceptualisation du livret du CD! Ce fut une expérience très enrichissante sur le plan artistique!
Comment avez-vous découvert que vous aviez un talent particulier pour le chant?
Oh… quelle question piège! C’est comme bien d’autres choses : même en creusant dans mes plus lointains souvenirs, je n’arrive pas à me rappeler le moment précis où, enfant, j’ai découvert ma passion pour le chant! La musique est un langage, et je crois que ce langage a résonné très tôt en moi. Quand j’étais petite, je chantais constamment. Je laissais une trace de bruit partout où je passais (ça n’a pas changé d’ailleurs!). Le chant était pour moi un refuge. Mais j’étais quand-même une enfant timide et, en fait, plusieurs années ont passé avant que j’en vienne à prendre des leçons de chant et à me produire devant un public. Même sans être sur scène, je savais intérieurement que j’étais chanteuse. J’absorbais la musique et elle mijotait. Les études sérieuses de chant sont venues plus tard. Les choses ont évolué juste à la bonne vitesse!
Solfeggio est dédié à vos enseignants de musique au secondaire, M. Clark et M. Holowitz. Quel impact ont-ils eu sur vos progrès en tant que cantatrice?
Depuis que je suis adolescente, je me suis promis d’un jour dédier mon premier album solo aux deux enseignants qui m’ont le plus marquée, si j’en avais la chance.
Mes années à l’école secondaire font partie des plus belles périodes de ma vie! L’adolescence est parfois un stade très difficile de la vie d’une jeune personne. Dans mon cas, cependant, M. Clark et M. Holowitz m’ont aidé à trouver ma voix… et ma voie! Leur présence et la musique m’ont donné un profond sentiment de franche confiance en ma personne. Le département de musique était mon sanctuaire! C’est là le cadeau inestimable que j’ai reçu de ces deux enseignants mémorables. Ils m’ont accompagnée pendant des années critiques de ma vie, et je suis vraiment chanceuse d’avoir croisé leur route! Ils sont pour toujours dans mon coeur.
Vous racontez que vous avez grandi dans une maison constamment animée par des musiques de tous genres : le jazz, la pop, le blues, la soul, les bandes sonores de films… Quelle influence cette exposition à tant de genres différents a-t-elle eue sur votre approche de l’interprétation en tant que soprano lyrique?
Ma mère m’a rappelé récemment qu’elle écoutait beaucoup de musique classique quand elle était enceinte de moi et qu’elle m’allaitait. Je me demande si cela a eu un effet sur moi… J’aime à croire que oui! Pour n’en nommer que quelques-uns, nous écoutions des artistes comme Queen, Tears for Fears, Genesis, Pink Floyd, Oleta Adams, Simply Red, Annie Lennox, Ray Charles, Tony Bennett, Barry White, Stevie Wonder, Earth, Wind and Fire, et des musiques de film composées par Hans Zimmer, James Horner, John Barry, Thomas Newman ou Vangelis. Sans oublier Barbra et Céline, qui ont eu un impact immense sur moi. Tous ces grands artistes m’ont profondément influencée, et c’est quelque chose que je porte en moi, même sur la scène classique! Ces artistes m’ont essentiellement appris comment chanter la musique baroque. Ces genres musicaux différents partagent, selon moi, la même intensité, la même passion profonde, le même ‘groove’ et la même virtuosité que la musique classique. Le répertoire baroque me permet de beaucoup m’amuser avec ma voix, dans ma manière de passer du registre grave à l’aigu, et de jouer avec ses moments les plus rock ’n’ roll ou les plus intimes.
Vos interprétations de la musique baroque ont été particulièrement bien accueillies. Quel est le secret de votre affinité spéciale avec ce répertoire? Qu’est-ce qui vous y attire?
J’aime beaucoup chanter toutes sortes de musiques classiques, mais j’ai une affinité tout à fait unique pour le répertoire baroque et la musique de Mozart. Et je ne peux me lasser de la musique de Bach. Je me sens chez moi dans son univers musical. J’aime profondément chanter le répertoire de musique sacrée allemand. La pure beauté de la musique de Bach et la douleur ou la nostalgie qui colorent les tensions harmoniques de ses partitions sont si irrésistibles! Je ne connais personne qui soit insensible à la magie de Bach, et cet endroit indescriptible où sa musique nous transporte!
On peut dire de n’importe quelle musique classique qu’elle nous revigore, nous stimule ou nous émeut. Mais pour moi, le répertoire baroque incarne tout à fait ces qualités, à cause de son langage mélodique et harmonique particulier, marié aux couleurs uniques des instruments d’époque, à la vive intensité qui anime les cordes, tout cela combiné à l’incroyable passion qui nourrit les lignes vocales.
Puis chez Mozart, ce sont les couleurs chaudes des instruments à vent et des cuivres prenant leur essor au sein de l’orchestre qui sont absolument divines! Et il écrit merveilleusement pour la voix. Que ce soit l’amusante qualité athlétique de ses passages virtuoses (si gratifiants à chanter!) ou ses lignes mélodiques qui planent et montent jusqu’au ciel, son écriture est toujours empreinte d’une grande expressivité. Ses personnages d’opéra, par exemple, révèlent souvent une vulnérabilité authentique et très émouvante. La musique de Mozart est très sophistiquée, mais aussi simple et pure. Elle est vraiment intemporelle.
Solfeggio comprend la première mondiale de deux airs de Leonardo Vinci (à ne pas confondre avec le grand peintre Léonard de Vinci!). Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de ces airs? Comment avez-vous appris leur existence?
Je voulais ajouter une touche spéciale à cet album. Je me suis dit que ce serait chouette de présenter de la musique qui n’avait jamais été enregistrée! Alors, pendant que je construisais mon répertoire, j’ai demandé à mon cher ami et talentueux collègue, le contreténor Michael Taylor, de me suggérer des idées. C’est là qu’il m’a conseillé de jeter un coup d’œil à l’opéra Elpidia, un pasticcio qui réunit quelques-uns des airs d’opéra les plus populaires à Venise en 1724, écrits par divers compositeurs et arrimés à un livret préexistant. Près de la moitié des airs de ce pasticcio ont été composés par Leonardo Vinci, un contemporain de Haendel. En fait, cet opéra est le premier du genre à avoir été produit, en 1725, au Haymarket Theatre de Londres, dont Haendel lui-même était le directeur artistique! Fait intéressant, Haendel s’était jusque-là abstenu de programmer des opéras pastiches… ce qui prouve qu’il a dû trouver celui-ci assez intéressant!
Votre travail avec Mélisande Corriveau, Eric Milnes et L’Harmonie des saisons remonte à quelques années. Qu’est-ce qui caractérise le plus votre collaboration avec eux?
Mélisande et Eric ont un talent extraordinaire. Chaque fois que nous partageons la scène, je suis émerveillée de leur sens artistique et du génie de leur musicalité et de leur expressivité. Ce sont des amis formidables et de très chers collègues. Nos projets communs sont à tout coup nourrissant sur les plans musical et artistique, et je ne tiens jamais pour acquise une occasion de travailler avec eux. La première fois que nous avons répété et fait un concert ensemble, ce fut une expérience toute naturelle. Dès le premier jour, la chimie était là. C’est une pure joie que de collaborer avec L’Harmonie des saisons! Nous avons une compréhension profonde et naturelle de ce que nous voulons exprimer ensemble par notre sens commun du style musical. Je n’aurais pu faire cet album avec personne d’autre, et je rêve de réaliser bien d’autres projets d’enregistrement avec eux!